Un livre est un détonateur qui sert à faire réagir les gens!
A.N.

dimanche 25 décembre 2011

La douleur de Marguerite Duras.

Tout d'abord j'aimerais parler de l'auteur, Marguerite Duras (Marie Donadieu), qui fait partie du mouvement littéraire du Nouveau Roman, Je dois dire que j'entre dans son univers littéraire assez facilement, ses sujets comme l'amour, l'attente, le désespoir et bien d'autres me fascinent tout simplement, j'ai attaqué les Duras avec Le ravissement de Lol V. Stein, sorte de Madame Bovary à la sauce nouveau roman, ensuite j’eus l'occasion de lire un extrait de La douleur, très cru mais aussi très réaliste...

Il parle du mari de Duras, un certain Robert L. déporté dans un camp pendant la guerre, Duras nous décrit cette attente insupportable avec une telle intensité et un tel désespoir! Elle dira même que c'est ça la douleur, l'attente. Mais un jour, Robert finit par revenir quand la guerre se termine mais dans quel état!!

Voici un passage qui m'a donné envie de lire le livre:

 
     S'il avait mangé dès le retour du camp, son estomac se serait déchiré sous le poids de la nourriture, ou bien le poids de celle-ci aurait appuyé sur le cœur qui lui, au contraire, dans la caverne de sa maigreur était devenu énorme : il battait si vite qu'on n'aurait pas pu compter ses pulsations, qu'on n'aurait pas pu dire qu'il battait à proprement parler mais qu'il tremblait comme sous l'effet de l'épouvante. Non, il ne pouvait pas manger sans mourir. Or il ne pouvait plus rester encore sans manger sans en mourir. C'était là la difficulté.
     La lutte a commencé très vite avec la mort. Il fallait y aller doux avec elle, avec délicatesse, tact, doigté. Elle le cernait de tous les côtés. Mais tout de même il y avait encore un moyen de l'atteindre lui, ce n'était pas grand, cette ouverture par où communiquer avec lui mais la vie était quand même en lui, à peine une écharde, mais une écharde quand même. La mort montait à l'assaut. 39,5 le premier jour. Puis 40. Puis 41. La mort s'essoufflait. 41 : le cœur vibrait comme une corde de violon. 41, toujours, mais il vibre. Le cœur, pensions-nous, le cœur va s'arrêter. Toujours 41. La mort, à coups de boutoir, frappe, mais le cœur est sourd. Ce n'est pas possible, le cœur va s'arrêter. Non.
     De la bouillie, avait dit le docteur, par cuillers à café. Six ou sept fois par jour on lui donnait de la bouillie. Une cuiller à café de bouillie l'étouffait, il s'accrochait à nos mains, il cherchait l'air et retombait sur son lit. Mais il avalait. De même six à sept fois par jour il demandait à faire. On le soulevait en le prenant par-dessous les genoux et sous les bras. Il devait peser entre trente-sept et trente-huit kilos : l'os, la peau, le foie, les intestins, la cervelle, le poumon, tout compris : trente-huit kilos répartis sur un corps d'un mètre soixante-dix-huit. On le posait sur le seau hygiénique sur le bord duquel on disposait un petit coussin : là où les articulations jouaient à nu sous la peau, la peau était à vif. [...] 



Je pense que ce besoin de réalisme poussé à l'extrême avait pour but de mettre en avant les atrocités de la guerre, quand on lit ça aujourd'hui cela ne nous laisse aucunement indiffèrent.

Maintenant j'aimerai terminé ce petit article avec une citation de Pierre Desproges qui me fait hurler de rire : "Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries.... Elle en a aussi filmées!"  En parlant certainement de Hiroshima mon amour, film qui n'est pas forcément accessible à tous mais qui reste un chef-d’œuvre du 7ème art!

4 commentaires:

  1. Desproges a aussi dit : " Duras c'est l'apologiste sénile des infanticides ruraux". Et je dois avouer que cette citation plus celle que tu as écrite dans ton article ne me donne pas vraiment envie de lire du Marguerite Duras mais comme tu as l'air d'aimer, je te promets d'en lire un pour me faire mon opinion. :-)

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  2. Je me souviens avoir lu l'Amant en rhéto... et avoir détesté. Je crois que le nouveau roman, soit on adore, soit on déteste :p Cécile

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  3. Je peux comprendre ton point de vue Cécile, après avoir lu "la douleur" j'ai essayé "l'amant " et c'est vrai qu'il est bien moins captivant! ;)

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  4. En échange, j'essaierai la douleur quand j'aurai le temps :p Cécile

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